Professeur Régis Peffault de Latour

"Ce n’est pas l’âge qui conditionne la greffe, c’est la maladie."



Professeur Régis Peffault de Latour : Alors je travaille donc à l’hôpital Saint-Louis, dans le service de greffes et, en pratique, ma profession c’est d’essentiellement de voir si les malades peuvent bénéficier d’une allogreffe de moelle.

En pratique on a deux types de patients qui peuvent éventuellement être greffés : on a les patients qui ont ce qu’on appelle des cancers du sang, c’est à dire des patients pour qui on pense finalement que leur système immunitaire n’est pas capable de reconnaître les mauvaises cellules, de les détruire et donc que ce cancer ne sera pas guéri si on ne le traite pas autrement qu’en remplaçant le système immunitaire.
Et puis on a d’autres patients pour qui la moelle a disparu et en pratique eh bien les traitements médicaux n’ont pas marché. Là encore, la seule solution pour pouvoir les guérir c’est de remplacer la moelle.

Ce n’est pas l’âge qui conditionne la greffe, c’est très clairement la maladie.

Et donc une fois que l’on a plus rien à proposer, parce que c’est comme ça que ça se passe, pour des patients chez qui, il y a vingt ou trente ans, eh bien finalement on aurait une maladie qui aboutirait au décès, eh bien pour ces malades-là, on a maintenant les moyens depuis des enfants jusqu’à des sujets maintenant très âgés puisque dans le service on a greffé il y a pas si longtemps une personne qui avait soixante-dix ans, mais qui était en pleine forme, qui n’avait pas comme on dit de comorbidité (c’est-à-dire de fragilité d’organe qui contre-indiquait la greffe), et qui finalement avait cette maladie qui allait l’emporter très vite. Eh bien, on a pu, grâce à des techniques encore une fois développées depuis à peu près quinze ans, eh bien faire cette greffe sans être toxique, c’est-à-dire sans que cette greffe ou la préparation de cette greffe n’entraîne des complications chez le patient et pour qu’il puisse être en rémission et c’est encore le cas aujourd’hui et possiblement guéri de sa maladie.

Le plus fréquent c’est le patient chez qui eh bien, a été diagnostiqué d'un cancer du sang et chez qui les traitements qui jusque-là avaient été efficaces ne le seront plus. Et donc un patient qui va, malheureusement, évoluer défavorablement de son cancer.

Et donc la solution, c’est de remplacer son système immunitaire. Et la greffe se passe par une simple transfusion. Donc c’est quelque chose de très simple, à savoir que les cellules savent exactement où elles doivent aller, c’est-à-dire dans la moelle puis elles se mettent à proliférer puis à se mettent à reconstituer un nouveau système immunitaire,
du sang avec des plaquettes, des globules blancs et des globules rouges, et donc faire en sorte que le patient puisse, à partir d’un sujet étranger non apparenté, avoir à nouveau une vie normale, sans cancer, avec du sang qui, pour le coup, vient de quelqu’un d’autre.